Tournée royale: de nouveaux projets structurants pour Abidjan
Le Maroc accélère le pas pour aboutir à une véritable intégration régionale en Afrique. En témoigne la dernière décision de solliciter l’adhésion à la Cedeao (cf. notre édition du lundi 27 février 2017). Parallèlement, le Roi poursuit sur le terrain le lancement de projets concrets confortant cette orientation. A Abidjan, où le Roi est arrivé vendredi dernier, 14 conventions ont été signées, hier en fin d’après-midi. Elles portent notamment sur le financement de projets d’investissement, de l’acquisition de logements, la modernisation du parc de véhicules du transport routier, la logistique…
Auparavant, le Souverain a eu des entretiens en tête à tête avec le président ivoirien Alassane Ouatara. Le programme en Côte d’Ivoire contient des visites à des chantiers lancés lors de la dernière tournée africaine du Souverain. Demain mercredi, les deux chefs d’Etat assisteront à une présentation relative à l’état d’exécution du projet de complexe de formation dans les métiers du bâtiment, de l’hôtellerie et de la restauration.
Une autre visite, prévue le même jour, permettra de faire le point sur l’état d’avancement du chantier du point de débarquement aménagé pour la pêche artisanale à Lokodjro. Le Souverain devra aussi assister à l’inauguration du centre de formation en médecine d’urgence au CHU de Yopougon. Le méga-projet d’aménagement et de valorisation de la baie de Cocody, lancé lors de la dernière visite royale en Côte d’Ivoire, fera l’objet d’une présentation devant le Roi jeudi prochain.
Globalement, l’agenda de la visite royale conforte l’orientation du Maroc en matière de renforcement des capacités des pays africains. Cela passe notamment par la formation et le développement des infrastructures. Une orientation de co-développement qui s’inscrit dans la logique de la coopération Sud-Sud prônée par le Souverain. C’est d’ailleurs dans cette logique que s’inscrit la demande d’adhésion à la Cedeao. Face à la léthargie de l’UMA, le rapprochement avec les Etats de cette sous-région permettra de créer un véritable pôle nord-ouest africain. Les membres de cette communauté sont conscients de l’apport du Maroc en tant que véritable puissance économique émergente, dont ils pourraient bénéficier du soutien dans différents domaines. Cela concerne notamment la possibilité de lancement d’une véritable dynamique commerciale, profitant des accords de libre-échange signés par le Maroc avec des puissances mondiales comme l’Union européenne ou les Etats-Unis. ‡L’intégration de cette espace économique, c’est aussi de grandes opportunités pour les opérateurs marocains. C’est un marché de 320 millions de consommateurs, avec une classe moyenne en pleine progression.
Au-delà des aspects économiques, les membres de la Cedeao pourraient aussi s’appuyer sur l’expertise du Maroc pour résoudre certaines problématiques, notamment sécuritaires liées au renforcement des groupes terroristes dans la région, alimentées par la montée du radicalisme au sein des populations. Sur ce point, le partenariat avec Rabat apporterait une double réponse, via des actions sécuritaires et le déploiement du soft-power, lié au programme de formation des imams et de la diffusion des préceptes d’un islam modéré.
L’appui marocain devra aussi porter sur la question migratoire. Surtout avec la construction d’une véritable expertise locale, suite au lancement de la politique de migration qui a permis la régularisation des Subsahariens entrés au Maroc de façon clandestine et leur accompagnement dans le processus d’intégration. Cela est d’autant plus important que plus de 42% des migrations intra-africaines sont dirigées vers l’Afrique de l’Ouest. Or, cette zone est déjà minée par des crises sociétales ou des conflits internes, favorisant des mouvements de migrations vers le Nord.
Des entreprises marocaines recrutent en Afrique
Au-delà des conventions officielles, le partenariat du Maroc avec les pays africains portent aussi sur des mesures impactant directement la vie des populations locales. C’est dans ce cadre que s’inscrivent certaines initiatives, lancées notamment par le secteur privé. Samedi dernier, un forum d’emploi, baptisé Carrefour africain, a été tenu à Abidjan. 3.000 jeunes lauréats, cadres et professionnels ivoiriens ont participé à cet événement. Il s’agit essentiellement de personnes souhaitant travailler pour des entreprises marocaines ayant lancé des investissements en Côte d’Ivoire. Parmi elles, des groupes comme Pharma5, Nexans, Phone Group, Vinci Energies…
Source: L’Economiste du Maroc