Les compléments alimentaires sont-ils bien nécessaires ?

Avec 1,54 milliard d’euros de chiffre d’affaires en France en 2015 (contre 0,6 en 2000), le moins que l’on puisse dire est que ce marché est florissant. Mais est-il vraiment nécessaire de prendre régulièrement des compléments alimentaires ? Une nourriture équilibrée et un mode de vie sain ne sont-ils pas nettement plus efficaces que toutes ces pilules, gélules et autres préparations censées améliorer notre santé, notre beauté, notre ligne, notre libido, notre sommeil, notre vue… ? Luc Cynober, pharmacien, professeur de nutrition à la faculté de pharmacie Paris-Descartes, et Jacques Fricker, médecin nutritionniste, répondent à cette question dans un livre, Tout sur les compléments alimentaires, qui passe en revue 155 d’entre eux.

Les auteurs précisent d’emblée que l’offre est pléthorique et que de nombreux produits sont inutiles, voire dangereux. Et ceux qui ont un effet bénéfique ne peuvent être consommés par n’importe qui, à n’importe quelle période de la vie et dans n’importe quelle circonstance, précisent-ils. « Les compléments alimentaires se définissent par rapport à une population particulière » qu’il convient de bien déterminer. « Certains ont affirmé que les femmes constituent une population particulière. Cela ne tient pas. » Il n’est pas besoin d’avoir fait des études scientifiques pour comprendre que les besoins ne sont pas les mêmes à la puberté et à la ménopause…

Les femmes, grandes consommatrices

Le choix de cet exemple n’est pas anodin puisque les femmes représentent les trois quarts des consommateurs, selon le Syndicat des fabricants de compléments alimentaires. Et la perte de poids est une motivation très fréquente. « Certains extraits de plantes ont la réputation de pouvoir éliminer l’excès d’eau : artichaut, orthosiphon, feuille de papaye, peut-on lire. C’est ce qu’affirment les distributeurs de ces actifs. Ils se copient les uns les autres sans avoir rien vérifié. » Inutile d’attendre des miracles des produits censés aider à brûler les graisses, même si l’on y trouve des extraits de guarana ou de thé, de la caféine, de l’éphédrine… bien souvent à des doses bien supérieures aux limites tolérées pour les compléments alimentaires. Quant au chitosan, ses revendeurs revendiquent sa capacité à inhiber l’absorption des graisses, ce qui n’a jamais été prouvé. En revanche, le psyllium réduit bien l’appétit, mais, au bout d’un mois, l’amaigrissement ne dépasse pas d’un à deux kilos celui obtenu sous placebo.
Appel à la prudence

Par ailleurs, la récente enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sur les compléments alimentaires incitait à la plus grande prudence. On y apprend que le taux de non-conformité atteint 40 % pour les compléments alimentaires à base de vitamines et de minéraux. Les problèmes portent sur une teneur inférieure ou supérieure à celle annoncée sur l’étiquetage (plus de la moitié des anomalies), une substance non détectée alors qu’elle était annoncée, un dépassement des doses journalières recommandées (plus de 20 % des anomalies) ou des limites de sécurité. La DGCCRF indique qu’elle poursuivra ses contrôles et les étendra à « tous les stades de la commercialisation » dans la mesure où le secteur « souffre encore de nombreuses infractions portant sur la composition ou l’étiquetage ».

Source: lepoint.fr

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