En ligne ou dans la vie réelle: comment se rencontrent les couples aujourd’hui

Difficile d’avoir une estimation précise des modes de rencontre amoureuse chez les Français. Si la tendance des sites et applications de rencontre est indiscutable, leur efficacité dans la vie réelle semble sujette à controverse.

Alors que l’été est parfois synonyme d’aventure amoureuse, peut-être espérez-vous faire la rencontre de votre vie sur la plage ou dans les open space de votre entreprise, plus calme qu’à l’accoutumé. En France, contre toute attente, alors que les sites et applications de rencontre semblent faire florès, les couples se forment toujours dans la vie réelle, selon une étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) mais qui date de plusieurs années.

« Ils n’ont pas redessiné la géographie amoureuse »
Sur l’ensemble de la population hétérosexuelle, seuls 2% déclarent avoir rencontré leur partenaire actuel via des sites et applications de rencontre. À cela s’ajoutent quelque 7% qui assurent que ces technologies leur ont permis de faire une rencontre mais qui n’a pas été durable. Un chiffre nettement différent chez les couples de même sexe: une personne sur trois a rencontré son actuel(le) conjoint(e) en ligne.

L’Ined maintient que « contrairement à une idée reçue, les sites de rencontres ne sont pas devenus un mode de rencontre dominant, à l’exception des couples de même sexe ». « Ils n’ont pas redessiné la géographie amoureuse. Une majorité de couples continue en effet à se former hors ligne, notamment lorsqu’il s’agit de premières mises en couple. » Ces sites ne se classent ainsi qu’à la cinquième position, après le lieu de travail, les soirées entre amis et les lieux publics.
Selon cette enquête intitulée Sites de rencontres: qui les utilise en France? Qui y trouve son conjoint? le monde virtuel donne plus souvent lieu à des relations éphémères qu’à des couples stables.

Et pour les relations amoureuses importantes qui s’y sont nouées, il s’agit le plus souvent de remises en couple (10%) que de premières unions (5%).
Une situation sous-évaluée?

Cependant, cette étude semble presque caduque: elle date de 2016 avec des données remontant à 2013 dans un marché en plein essor. « Il n’y a eu depuis aucune enquête d’envergure, pointe pour BFMTV.com Catherine Lejealle, enseignante-chercheuse à l’école de commerce ISC Paris. Le nombre de sites et applications a explosé. »

D’autant que, selon cette sociologue spécialiste du digital, tous les freins à l’usage de ces sites et applications ont été levés. « Le taux d’équipement technologique est très élevé, l’abonnement à internet est un des moins chers, les économies collaboratives et de partage ont été largement adoptées et aujourd’hui ce n’est plus tabou de faire des rencontres sur internet. »

Pascal Lardellier, professeur à l’université de Bourgogne, est du même avis. Il estime que la situation est sous-évaluée. « Ces sites se targuent de millions d’abonnés avec des célibataires inscrits sur plusieurs plateformes en même temps, remarque pour BFMTV.com ce spécialiste des sciences de l’information et de la communication, auteur de Les Réseaux du cœur. Sexe, amour et séduction sur internet. Les applications de rencontre ont de plus en plus de visibilité. Toutes les catégories socio-professionnelles ont leur site dédié: les seniors, les vegans, les riches ou les amateurs de métal. Si on ne peut pas faire confiance aux sites quant aux chiffres qui sont communiqués, on est certainement bien au-dessus de ceux donnés par l’Ined. »

Un Français sur quatre inscrit en ligne
Tinder, devenue l’application la plus rentable avec un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros au premier trimestre 2019, cumule près de 4 millions d’abonnés payants dans le monde. Le géant de la rencontre en ligne Meetic se targue d’être à l’origine de « plus de 240.000 rencontres tous les ans ».

Des chiffres que l’Ined balaie. « L’intérêt que suscitent les sites de rencontres a eu pour conséquence une production inflationniste de chiffres à leur égard. Les tentatives pour mesurer l’ampleur du phénomène sont nombreuses, et débouchent sur des estimations d’usage toutes plus élevées les unes que les autres. » L’institut pointe également une définition élargie de la rencontre amoureuse, qui permettrait de faire gonfler leurs chiffres.

Pourtant, un Français sur quatre s’est déjà inscrit sur un site de rencontre, un chiffre qui a doublé en une douzaine d’années, selon un sondage Ifop de 2018. La France pourrait-elle prendre le même virage que les États-Unis en matière de rencontre amoureuse?

Le modèle américain
Outre-Atlantique, on ne fait plus connaissance avec son ou sa future conjointe au mariage de son frère, devant la machine à café entre deux réunions de travail ou à la crémaillère de sa meilleure amie. Le coup de foudre frappe d’abord dans le monde virtuel: la rencontre de son ou sa future conjointe se fait majoritairement sur internet. Un phénomène qui explose depuis le début des années 2000. Une étude réalisée par les universités de Stanford, en Californie, et du Nouveau-Mexique publiée lundi assure que la rencontre en ligne éclipse même les intermédiaires dans les relations amoureuses.

Selon les conclusions de cette enquête menée sur des couples hétérosexuels américains, « la rencontre sur internet remplace les rôles que la famille et les amis jouaient autrefois pour former les couples ». Elle représente ainsi aujourd’hui quatre couple sur dix. Les célibataires américains n’attendent donc pas que leur vieille tante ou leur cousin issu de germain leur arrange le coup lors de l’anniversaire de la petite dernière: si trois couples sur dix se formaient grâce à la famille au milieu du XXe siècle, ils ne représentent plus que 7%.

Mais comme le pointait l’Ifop, de ce côté-ci de l’Atlantique, à peine plus d’un utilisateur sur deux est finalement parvenu à décrocher une rencontre dans le monde réel. Et selon une récente enquête de satisfaction de l’UFC-Que choisir, seuls 39% de ces utilisateurs sont satisfaits. En plus des reproches sur les conditions tarifaires ou l’efficacité du service client, rares sont les contacts qui permettent d’aboutir à une vraie histoire. « On se dirige de plus en plus vers les services en ligne pour rencontrer l’amour, ajoute Catherine Lejealle, auteure de Les Coulisses du dating, tout savoir sur la rencontre en ligne. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’on ne va pas chercher ailleurs. »

Source: BFMTV

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