Donald Trump: délicate visite d’Angela Merkel à Washington
Angela Merkel est attendue à Washington ce vendredi 17 mars pour une visite officielle. Elle est le deuxième chef de gouvernement européen à venir à Washington depuis l’élection de Donald Trump, après la Première ministre britannique Theresa May. La chancelière allemande risque d’être une interlocutrice plus difficile à aborder pour le président américain.
Ils devaient se voir mardi dernier, mais une tempête de neige a repoussé leur rencontre. C’est finalement ce vendredi qu’Angela Merkel se rend à Washington pour rencontrer Donald Trump. Un premier face-à-face très attendu. Car presque tout oppose le bouillonnant milliardaire américain, novice en politique, et la numéro une du gouvernement allemand, prudente et expérimentée.
La rencontre entre les deux dirigeants risque de ne pas être des plus cordiales. Durant toute sa campagne, le président américain n’a pas manqué de critiquer la politique d’accueil des réfugiés de la chancelière allemande, rappelle notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio. Dans l’esprit du candidat Trump, c’était exactement ce qu’il ne fallait pas faire, une politique jugée « catastrophique ».
Dès le lendemain de l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, la lettre de félicitations venue de Berlin a surpris Washington. Cette missive ressemblait à une leçon de morale : « L’Allemagne comme les Etats-Unis sont des démocraties fondées sur le respect de la dignité, quels que soient l’origine, la couleur de peau, la religion ou le sexe », écrivait Angela Merkel. « Je suis prête à travailler avec le président Trump sur ces bases. »
Fidèle sa réputation, Angela Merkel préfère aborder cette rencontre avec prudence. « L’objectif de sa visite, c’est de faire connaissance », explique son porte-parole. En vérité, la chancelière appréhende un peu la rencontre avec l’imprévisible président. Elle s’y est préparée en regardant ses anciens discours. On l’a également informée que pour avoir l’oreille du président, il faut passer des messages courts sans se perdre dans les détails. Un exercice plutôt difficile pour l’ancienne scientifique.
Angela Merkel prudente
« Pour être écoutée, la chancelière doit arriver avec un message fort, c’est-à-dire à la fois une volonté politique de rétablir les relations transatlantiques qui ont un peu souffert pendant les premières semaines de la présidence Trump, mais il faut aussi qu’elle puisse expliquer en quoi l’Europe et l’Allemagne sont utiles au président Trump », analyse Daniela Schwarzer, spécialiste des relations transatlantiques.
La chancelière a donc du pain sur la planche. Car Donald Trump et la plupart de ses conseillers estiment que l’Union européenne ne sert pas à grand-chose et que le Brexit est un exemple à suivre. Autre pomme de discorde : l’économie. La chancelière aura besoin de tout son talent diplomatique pour convaincre le président des bienfaits du libre-échange, menacé par le programme protectionniste de l’ex-homme d’affaires.
Ces positions inquiètent la puissance exportatrice qu’est l’Allemagne, explique notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. Un tiers des entreprises germaniques installées aux Etats-Unis crait pour ses affaires, ajoute-t-il. Pour convaincre M. Trump des bienfaits du libre-échange, Angela Merkel est accompagnée ce vendredi de trois patrons de grandes entreprises allemandes : Siemens, BMW et Schäeffler. « Pour détendre l’ambiance », fait-on savoir à Berlin.
Ces personnalités devront expliquer au président américain qu’ils ont créé des dizaines de milliers d’emplois aux Etats-Unis, d’où leurs usines exportent, profitant ainsi à l’économie américaine. Concernant la fidélité de l’administration Trump sur la relation transatlantique, et tout particulièrement à l’égard de l’Otan et de l’Europe, en revanche, Berlin a été rassuré en partie le mois dernier, lors d’une conférence à Munich sur la sécurité.
Source: RFI