Côte d’Ivoire : le RHDP, un arrangement politique PDCI – RDR qui tangue

La coalition RHDP au pouvoir traverse, depuis un certain temps, une zone de turbulence qui risque d’entrainer son implosion. C’est qu’une lutte de positionnement s’est déclenchée entre les cadres des différents partis la composant, avec pour objectif l’alternance 2020.

À l’épreuve du pouvoir, des amis peuvent devenir des ennemis et vice-versa. C’est ce qui est actuellement donné d’observer au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). En effet, à la faveur de la présidentielle de 2010, Alassane Ouattara (RDR), Henri Konan Bédié (PDCI), Albert Toikeusse Mabri (UDPCI), Anaky Kobenan (MFA) ainsi que Gnamien Konan (UPCI) s’étaient regroupés dans une coalition pour faire obstacle à la réélection de Laurent Gbagbo. L’ayant réussi, après une crise postélectorale qui a officiellement fait 3.000 morts, ces alliés se sont partagé le gâteau.

Mais après l’accession au pouvoir du président Ouattara, les premières dissensions sont apparues après l’éviction d’Anaky Kobenan du navire RHDP. Toutefois, l’alliance a continué, tant bien que mal, jusqu’à la réélection d’Alassane Ouattara en 2015. Pour y parvenir, Henri Konan Bédié avait lancé, en septembre 2014, « l’Appel de Daoukro », demandant à ses militants de soutenir le président Ouattara. Ce fut naturellement fait, car la réélection du chef d’État ivoirien est passée comme lettre à la poste avec 83,66%.

Cependant, des sources concordantes évoquaient un accord secret entre Bédié et Ouattara. Au terme de ce « deal », un militant actif du PDCI devrait être le candidat unique du RHDP en 2020. D’autant plus que le président Ouattara a clairement affiché sa volonté de prendre sa retraite politique au terme de son second mandat.

L’alternance 2020, la pomme de discorde entre PDCI et RDR

Le rendez-vous décisif de 2020 suscite par ailleurs des passions au sein des différents partis composant le RHDP. Si entre temps l’UDPCI et l’UPCI ont été éjectés de la coalition à l’orée des législatives, le PDCI et le RDR demeurent les deux capitaines du bateau. Cependant, des voix discordantes se font de plus en plus entendre dans chaque état-major. En effet, les cadres du plus vieux parti ivoirien continuent de marteler qu’ils présenteront un candidat, quoi qu’il advienne. Par la voix de Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif du parti, le mot d’ordre est clair : « En 2020, le PDCI ne peut faire l’économie d’un candidat. » Avant de préciser : « En 2020, le PDCI doit s’assurer d’avoir le bon cheval. » Ce serait pour le parti de Bédié le retour de l’ascenseur si la candidature proposée est entérinée par le RDR.

Ce n’est pourtant pas ce qui transparait dans les propos et attitudes des cadres, et non des moindres, du RDR. Pour l’ex-ministre Cissé Bacongo, « le RDR n’a rien promis au PDCI ». Ce collaborateur privilégié du président ivoirien va plus loin pour dire : « Il n’y a pas eu d’arrangement secret entre Ouattara et Bédié. » Par conséquent, l’alternance 2020 en faveur du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) ne serait qu’un leurre. Loin d’être une boutade, ces propos de l’ex-ministre ivoirien sont pris au sérieux de part et d’autre. Surtout qu’une lutte de positionnement pour la succession de Ouattara en 2020 a déjà éclaté au sein du RDR.

Mais tout n’est pour autant pas aussi tranché. Les deux têtes fortes du RHDP, Ouattara et Bédié, pourraient toujours rappeler à l’ordre leurs lieutenants pour éviter un clash qui leur serait très préjudiciable. Car à l’heure actuelle, aucun parti ne peut valablement soutenir qu’il pourrait remporter des élections sans aucune alliance.

Source: Afrique sur 7

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